À leur départ d’Afrique, ces femmes allaient pour apprendre et travailler dans la restauration et l’hôtellerie. Mais à l’arrivée il était question de faire des assemblages de drones à utiliser dans la guerre contre l’Ukraine.
Désillusion ! C’est ce qui convient de retenir de la situation des femmes parties de l’Afrique pour la Russie dans l’espoir de faire des études-travail. Mais qui sont désormais prises dans un piège.
Selon le confrère Associated Press, des centaines de femmes, principalement parties d’Afrique, constituent la main-d’œuvre dans une usine de fabrication de drones en Russie.
L’usine est appelée ‘’Alabuga’’. Elle traite les contrats entre la Russie et l’Iran. À en croire l’information, les deux pays ont signé un accord de 1,7 milliards de dollars en 2022, après que le président Vladimir Poutine a envahi l’Ukraine voisine, et Moscou a commencé à utiliser les importations iraniennes de véhicules aériens sans pilote, ou UAV, au combat plus tard dans l’année.
Les drones Shahed-136 sont ceux qui y sont assemblés. Ces engins sont expédiés démontés en Russie avant d’être montés à Alabuga qui est désormais la principale usine russe de fabrication de drones explosifs à sens unique.
En Russie, Alabuga est la seule usine de production qui recrute des femmes d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud pour fabriquer des armes, selon les experts et l’enquête de l’AP.
Environ 90 % des femmes étrangères recrutées via le programme Alabuga Start travaillent à la fabrication de drones, en particulier les pièces « qui ne nécessitent pas beaucoup de compétences », fait savoir Associated Press.
Les recrues ont entre 18 et 22 ans. Elles sont issues de l’Ouganda, du Rwanda, du Kenya, du Soudan du Sud, de la Sierra Leone et du Nigeria.
Certaines sont aussi issues du Sri Lanka, pays d’Asie du Sud. Cette campagne s’étend à d’autres pays d’Asie ainsi qu’à l’Amérique latine.
Pour leur recrutement, ces femmes auraient été « appâtées » par des publicités sur les réseaux sociaux, relève l’agence AP.
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Ces publicités promettaient aux jeunes femmes un billet d’avion gratuit, de l’argent et une aventure lointaine en Europe.
Il leur suffisait de compléter un jeu informatique et de passer un test de vocabulaire russe de 100 mots.
Selon le confrère, les conditions de travail sont décriées. À l’en croire les travailleurs étrangers voyagent en bus depuis leur lieu d’habitation jusqu’à l’usine, passant plusieurs points de contrôle de sécurité après un scan de plaque d’immatriculation, tandis que d’autres véhicules sont arrêtés pour des contrôles plus rigoureux, selon une femme qui assemble les drones.
« Les dortoirs et les cuisines sont partagés, ‘’surveillés 24 heures sur 24’’, selon les publications sur les réseaux sociaux. L’entrée est contrôlée par reconnaissance faciale et les recrues sont surveillées par des caméras de surveillance », fait savoir Associated Press qui cite une des africaines.
« De nombreux travailleurs manquent d’équipement de protection, a-t-elle dit, ajoutant que les produits chimiques lui donnaient l’impression que son visage était piqué avec de minuscules aiguilles et que de « petits trous » apparaissaient sur ses joues, provoquant de fortes démangeaisons », poursuit le confrère.
Pour ce qui est de la rémunération, le montant exact n’est pas déterminé. « Au départ, le programme promettait aux recrues 700 dollars par mois, mais des publications ultérieures sur les réseaux sociaux ont estimé ce montant à ‘’plus de 500 dollars », dit Associated Press.
L’Ukraine et la Russie sont en guerre depuis le début de l’année 2022. Le conflit a été déclenché le 24 février 2022 par la Russie de Vladimir Poutine.
Richard Yasseu